• La place du design sur le marché de l’art

    Exposition Constance Guisset – Musée des Arts Décoratifs – 2017

    Le marché de l’art s’ouvre à de nouveaux médiums, courants, formes d’art… Dans le même temps, les collectionneurs sont en demande de nouveauté et de redécouverte. C’est dans ce contexte propice à l’acquisition que le design s’impose sur le marché. 

    Artistes et designers créent tous des compositions visuelles en utilisant une base de connaissances commune. Cependant, leurs raisons pour le faire sont tout à fait différentes[1].

    Artistes et designers : une ambition différente

    Là où le design se définit comme la création d’un projet en vue de la réalisation et de la production d’un objet ou d’un système, à la croisée de l’art, de la technique et de la société, l’art à pour intention première le geste d’une création unique. Cependant, nous constatons que la frontière entre design et oeuvre d’art devient poreuse. Elle laisse ainsi entrevoir un champ commun où les “artistes designers” exercent.

    Marché du design : dynamisme et records

    Sur le marché de l’art, il y a maintenant plusieurs années que les pièces rares de design s’arrachent en galeries, ventes aux enchères ou sur les foires. Cela a commencé avec l’engouement pour les créateurs des années 1950 et le design dit vintage : Jean Prouvé, Serge Mouille… Car aujourd’hui, même les productions plus récentes entrent dans ce marché dynamique. Ainsi, années après années, les records se succèdent :

    • 56 000 euros pour une table en béton fibré de la collection Concrète de Martin Szekely (galerie Kreo, 2008)
    • 330 000 euros pour la table Dune en aluminium or de Zaha Hadid (galerie David Gill, 2008),
    • 3 millions d’euros pour la Lockheed Lounge Chair de Marc Newson,conçue en 1986 et vendue par la maison de vente Phillips en 2015. Ironiquement et comme le dit le designer Marc Newson « ce modèle n’était pas vraiment fait pour être confortable. » Cette chaise n’étant pas confortable, elle devient donc contraire à l’objectif premier du design qui est de créer un objet usuel. Cet objet deviendrait alors une œuvre d’art.

                  Lockheed Lounge Chair de Marc Newson vendue en 2015

    Art et design : une frontière pas si claire

    De plus, de nombreux objets de design sont des pièces uniques. Cela renforce l’idée d’une création artistique relevant d’une intention esthétique. C’est pour cela que de nombreux curateurs, musées ou encore collectionneurs suivent certains designers qui tendent à innover, embellir plus que révolutionner le quotidien (ndlr : définition première d’un designer).

    Finalement, le design prend de plus en plus de place sur le marché de l’art mais aussi dans les institutions. Il est également toujours plus présent sur les foires : la Fiac et Art Basel Miami lui réservent désormais une section. Malgré tout, le design restera tout de même en dessous en termes de prix des œuvres d’art. Cela ne doit pas empêcher de suivre la tendance du design sur le marché de l’art et, surtout, de comprendre que la frontière entre art et design devient de plus en plus poreuse. En effet, le marché de l’art intègre de plus en plus des objets de design – quitte à s’y confondre. Nous pouvons donc dire que que certains artistes-designers suivront la croissance du marché de l’art.

     

  • Le textile entre en scène

    LE TEXTILE SUR LE DEVANT DE LA SCENE

     

    La frontière de l’art dit décoratif et l’art contemporain devient de plus en plus poreuse. L’artisanat et l’art s’entremêlent sur la scène contemporaine internationale pour créer une cohésion totale entre l’oeuvre de la main et de l’esprit. Aujourd’hui l’art du textile est particulièrement visible sur les foires internationales et sur les biennales d’art contemporain. Nous entendons par textile toute matière qui amène à la manufacture de pièces.  

    Et comme le rappelle à juste titre l’Observatoire de l’Art Contemporain « le fil n’est pas anodin car il témoigne d’un processus ancestral : de la fibre au fil, du tressage au tissage naissent des outils, des savoir-faire, des formes, des architectures, des cultures, des réseaux… jusqu’à l’époque contemporaine où le fil de nos ordinateurs nous connecte au monde1 ». Le fil a une signification symbolique depuis la Grèce antique avec le mythe du fil rouge d’Ariane. Encore aujourd’hui le fil et le textile de manière générale véhiculent des valeurs d’unité, de fraternité, de consolidation etc. 

    Par l’isolationnisme persistant des sociétés modernes, de plus en plus d’artistes se saisissent de medium manufacturé pour communiquer avec les publics. Nous entendons par cela l’utilisation d’objets « utiles » du quotidien mais aussi du textile, qui permet une autre approche que le « ready made2 ».

    Cependant les musées ont encore aujourd’hui du mal à introduire le textile dans les musées d’art car la connotation de l’artisanat et de la manufacture est encore ancrée dans le conscient collectif. C’est Sheila Hicks, pionnière du mouvement dit de « fiber art » qui a atteint la consecration et la reconnaissance d’un changement dans les mentalités avec une exposition intitulée : « Lignes de vie » accordant une grande importance à la matière et refuse la frontière entre art et vie quotidienne.

     Nos conseillers ont fait pour vous une sélection d’oeuvres d’art d’artistes qui utilisent la fibre et qui ont atteint une reconnaissance institutionnelle mais aussi une place importante sur le marché de l’Art.

    Ces oeuvres sont disponibles et à voir à l’ArtAppart sur rendez-vous

    CHIHARU SHIOTA 

    Né en 1972 au Japon, Chiharu Shiota est une jeune artiste contemporaine mais qui a déjà su se faire un nom auprès des institutions. Elle vit et travaille à Berlin. Elle a été l’élève de Marina Abramovic et de Rébecca Horn. 

    Pour la 56ème édition de la Biennale de Venise elle représente le pavillon Japonais. Par la suite, elle voit ses oeuvres s’exposer dans différents musées et institutions à travers le monde, dont le Bon Marché à Paris avec une installation monumentale. Sa recherche artistique tourne autour des questions de mémoire, avec l’utilisation de vieux objets. Avec l’héritage des traditions nippones le fil ici représente une recherche d’apaisement, d’attente. Les objets sont ainsi pris dans ses toiles, préservés dans un tissage qui peut aussi révéler des sentiments d’angoisse nous plongeons indéniablement dans un processus d’introspection.

     

    WIM DELVOYE

    Né en 1965 enBelgique, Wim Delvoye développe un art conceptuel où chaque chose de son environnement peut-être prise pour médium et repensée en oeuvre d’art. Connu pour son autodérision du monde contemporain, il joue ainsi avec le politiquement correct, notamment avec les cochons qu’il a fait tatoués. Cette oeuvre de 1986 représente un homme nu face à une tombée de pierre. Elle a d’originale l’utilisation d’un tapis mécanique comme support de création. Aussi, à cette époque l’huile sur toile sur tapis était quelque chose d’innovant et ouvre la voie de son art puisque par la suite il n’utilisera que des supports  de création atypiques.


    ARIEL SCHLESINGER

    Né à Jérusalem en 1980, Ariel Schlesinger est un jeune artiste conceptuel israélien. Il a étudié à l’académie des arts et de design de Bezalel puis à New-York à l’école d’arts visuels. En 2012, il remporte le prix « VHV-Künstler des Jahres » pour son installation A Car Full of Gas.

    La série Burned Turkmenistan Carpet de 2010 est dans la lignée de sa recherche autour du feu. Elle a été pensée après avoir vu à Bordeaux un tapis du 17ème siècle abîmé par un incendie. Il a été fasciné par la beauté de la destruction et a voulu reproduire ces effets sur un tapis turkménistan.

     

    1. « Quand le fil entrelace les mondes et les époques » Carlotta Montaldo / Nina Rodrigues-Ely. Publié le 22/07/2017. Observatoire de l’Art Contemporain.
    2.  Objet ou ensemble d’objets sans aucune élaboration, élevé au rang d’objet d’art par le seul choix d’un artiste. Objet ou ensemble d’objets sans aucune élaboration, élevé au rang d’objet d’art par le seul choix d’un artiste. Source : Larousse.