• Investissement dans l’art : le bilan Arco Madrid 2019

    Le 3 mars, Arco Madrid clôturait son édition 2018. Si les ventes sont allées bon train, ni les galeries, ni les collectionneurs n’ont souhaité prendre de risques. En effet, le contexte actuel pousse les unes comme les autres à se concentrer sur des valeurs sûres de l’investissement en art. Le bilan global est quoi qu’il en soit positif et la foire est reconduite avec sa toute nouvelle direction.

    Une foire atypique

    Arco, foire numéro 1 en Espagne l’est aussi sur le secteur de l’art latino-américain. Il s’agit de la foire où artistes et collectionneurs sud-Américains sont les plus représentés en Europe. Cela est d’autant plus intéressant que les foires d’Amérique du Sud ont tendance à faiblir. Cette année encore, Arco a confirmé son succès avec près de 100 000 visiteurs et des ventes soutenues bien que les prix n’atteignent pas ceux des concurrentes. Elle reste l’une des foires les plus visitées d’Europe, preuve de l’intérêt que provoque l’art latino-américain et du dynamisme du marché.

    Arco Madrid  est également remarquée cette année comme la foire dans laquelle le plus d’artistes femmes sont représentées. Il s’agit d’un fait notable dans un contexte où l’un des grands reproches fait au monde l’art contemporain est de sous-représenter les artistes féminines.

    Une foire politique

    Arco Madrid a permis d’observer l’impact des différents troubles politiques et géopolitiques nationaux et internationaux sur le marché de l’art. Dans un premier temps, les galeries présentes confirment que, sur cette foire, les petits prix sont ceux qui partent le mieux. Le manque de souplesse de la législation espagnole sur l’art continue de freiner les collectionneurs. En effet, l’absence de TVA réduite sur l’art et d’une loi mécénat ralentissent le marché de l’art en Espagne. Les délicatesses administratives quant à elle calment les ardeurs des collectionneurs étrangers pour lesquels rapatrier leur achat pourrait être compliqué.

    D’autre part, les tensions politiques en Espagne trouvent toujours le moyen de s’immiscer dans les allées d’Arco Madrid. Cette année, une œuvre de Santiago Sierra et Eugenio Merino exposée par la galerie milanaise Prometeo a alimentée les discussions. La statue monumentale du Roi Felipe devait être achetée sous réserve de promesse, par le collectionneur, de la brûler dans l’année suivante. Lors de sa visite d’Arco, le roi a bien entendu évité ce stand et s’est gardé de se prononcer sur le sujet. L’œuvre n’était pas vendue à la fin de la foire. Cependant, la galerie a parlé d’une offre très sérieuse d’un collectionneur espagnol. Affaire à suivre donc…

    Œuvre de Santiago Serra et Eugenio Merino figurant le roir Felipe VI.

    Des investissements prudents

    La population de collectionneurs présents cristallise les inquiétudes liées à la géopolitique. La situation très compliquée du Venezuela perturbe les prévisions des sud-Américains et le Brexit celles des Européens. Dans ce contexte, les collectionneurs préfèrent parier sur des valeurs sûres. Ni eux ni les galeries n’ont pris de risques cette année. Il est donc aisé de se rendre compte des tendances en terme d’investissement en art. Par exemple, l’artiste Fernando Bryce, représenté par au moins 4 galeries, est une des grandes stars de cette édition d’Arco.

    Autre frein à l’investissement étroitement lié à la situation politique et sociale : la thématique des œuvres. Les collectionneurs sud-Américains et Espagnols apprécient que l’aspect politique soit subtil. Ils ne veulent pas d’un message politique trop littéral et violent dans les œuvres qu’ils acquièrent. Certains sujets taboos sont d’ailleurs devenus très compliqués sur le marché. Les opinions sont plus discrètes, le recul sur certaines idéologies considérées comme acquises rendent des sujets beaucoup plus délicats à vendre à certains types de collectionneurs. Les institutions sont d’ailleurs les premières refuser des œuvres jugées trop fortes.

    L’ensemble est donc très intéressant à étudier sur le plan du marché de l’art espagnol mais également international ! 

    Gardons à l’esprit que l’art doit rester avant tout un investissement plaisir. Investir dans l’art, c’est investir dans quelque chose qui vous représentera aux yeux de tous. C’est pourquoi We Art Partners vous accompagne dans cette démarche et vous conseille sur les acquisitions sûres tout end restant à l’écoute de vos goûts et vos attentes. N’hésitez pas à consulter We Art Partners afin d’être guider dans vos investissements et la gestion de votre collection.

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  • La place du design sur le marché de l’art

    Exposition Constance Guisset – Musée des Arts Décoratifs – 2017

    Le marché de l’art s’ouvre à de nouveaux médiums, courants, formes d’art… Dans le même temps, les collectionneurs sont en demande de nouveauté et de redécouverte. C’est dans ce contexte propice à l’acquisition que le design s’impose sur le marché. 

    Artistes et designers créent tous des compositions visuelles en utilisant une base de connaissances commune. Cependant, leurs raisons pour le faire sont tout à fait différentes[1].

    Artistes et designers : une ambition différente

    Là où le design se définit comme la création d’un projet en vue de la réalisation et de la production d’un objet ou d’un système, à la croisée de l’art, de la technique et de la société, l’art à pour intention première le geste d’une création unique. Cependant, nous constatons que la frontière entre design et oeuvre d’art devient poreuse. Elle laisse ainsi entrevoir un champ commun où les “artistes designers” exercent.

    Marché du design : dynamisme et records

    Sur le marché de l’art, il y a maintenant plusieurs années que les pièces rares de design s’arrachent en galeries, ventes aux enchères ou sur les foires. Cela a commencé avec l’engouement pour les créateurs des années 1950 et le design dit vintage : Jean Prouvé, Serge Mouille… Car aujourd’hui, même les productions plus récentes entrent dans ce marché dynamique. Ainsi, années après années, les records se succèdent :

    • 56 000 euros pour une table en béton fibré de la collection Concrète de Martin Szekely (galerie Kreo, 2008)
    • 330 000 euros pour la table Dune en aluminium or de Zaha Hadid (galerie David Gill, 2008),
    • 3 millions d’euros pour la Lockheed Lounge Chair de Marc Newson,conçue en 1986 et vendue par la maison de vente Phillips en 2015. Ironiquement et comme le dit le designer Marc Newson « ce modèle n’était pas vraiment fait pour être confortable. » Cette chaise n’étant pas confortable, elle devient donc contraire à l’objectif premier du design qui est de créer un objet usuel. Cet objet deviendrait alors une œuvre d’art.

                  Lockheed Lounge Chair de Marc Newson vendue en 2015

    Art et design : une frontière pas si claire

    De plus, de nombreux objets de design sont des pièces uniques. Cela renforce l’idée d’une création artistique relevant d’une intention esthétique. C’est pour cela que de nombreux curateurs, musées ou encore collectionneurs suivent certains designers qui tendent à innover, embellir plus que révolutionner le quotidien (ndlr : définition première d’un designer).

    Finalement, le design prend de plus en plus de place sur le marché de l’art mais aussi dans les institutions. Il est également toujours plus présent sur les foires : la Fiac et Art Basel Miami lui réservent désormais une section. Malgré tout, le design restera tout de même en dessous en termes de prix des œuvres d’art. Cela ne doit pas empêcher de suivre la tendance du design sur le marché de l’art et, surtout, de comprendre que la frontière entre art et design devient de plus en plus poreuse. En effet, le marché de l’art intègre de plus en plus des objets de design – quitte à s’y confondre. Nous pouvons donc dire que que certains artistes-designers suivront la croissance du marché de l’art.